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- Culture
Le réalisateur Pierre-Henry Salfati plonge dans les archives pour dresser un portrait intime de l’actrice américaine, irradiante épouse puis veuve d’Humphrey Bogart.
ParDaniel Psenny
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PLANÈTE+ – MERCREDI28 AOÛT À 22H30– DOCUMENTAIRE
«J’ai vécu ma vie à l’envers enétant star à 19ans et oubliée à partir de 30ans», racontait Lauren Bacall à la télévision américaine, quelque temps avant sa mort, à l’âge de 80ans, voici tout juste dix ans, le 12août2014. Le regard toujours magnétique, la chevelure blonde platinée, une élégance naturelle et un timbre de voix encore troublant, celle qui était surnommée «The Look» à la grande époque hollywoodienne n’a jamais perdu de son éclat et irradiait toujours l’écran, même si c’était celui de la télévision.
Dans son passionnant documentaire Lauren Bacall, ombre etlumière, le réalisateur Pierre-Henry Salfati plonge dans les archives pour dresser un portrait intime de l’actrice qui, en quatre films noirs tournés après la guerre avec Humphrey Bogart (1899-1957) – Le Port de l’angoisse (1944), LeGrand Sommeil (1946), Les Passagers de la nuit (1947), Key Largo (1948) –, s’est imposée comme lagrande séductrice du cinéma américain, entre légende et mythologie.
A travers ses photos et ses films personnels tournés avec Bogart et ses enfants, des extraits de films etun long entretien à la télévisionaméricaine, Lauren Bacall se confie sur ses origines, sa timidité, son rêve de devenir une star, sa vie passionnelle avec «Bogie» et sa longue traversée du désert après la mort de l’acteur, en1957.
Silhouette de femme fatale
Lucide, elle raconte avec amertume comment elle était devenue «la femme de», condamnée du même coup à abandonner son métier d’actrice et son rôle d’icône à la disparition de son mari. «J’ai passé une grande partie de ma vie à essayer de trouver ma propre identité, et ça n’a pas été facile», dit-elle.
Elevée dans le Bronx, à New York, par une mère juive immigrée d’Europe de l’Est, Lauren Bacall, née Joan Betty Perske, revient aussi sur ses débuts à Hollywood, à l’âge de 19ans, avec son pygmalion, le réalisateur Howard Hawks, qui cherchait à créer, à sa façon, un nouveau profil de vedette de cinéma. Hawks réussit à imposer sa silhouette de femme fatale à Hollywood et dans le monde entier dans Le Port de l’angoisse, film noir avec Humphrey Bogart −qui tomba immédiatement amoureux d’elle.
Lire la nécrologie (en 2014) : Article réservé à nos abonnés Lauren Bacall, l’ultime étoile d’Hollywood
Dans le film, l’attirance entre les deux acteurs semble magnétique. Leur liaison (Bogart était marié et avait 44ans) puis leur couple, l’un des plus célèbres de l’histoire d’Hollywood, renforcèrent le mythe. Ce furent près de quinze ans de succès, de vie amoureuse, d’engagements publics et de bonheur, avant que son étoile ne pâlisse à Hollywood. Celle qui se décrivait comme «une grande perche plate avec de grands pieds» s’étonnait encore de cette gloire et ne se reconnaissait pas dans cette image de femme fatale aux nerfs d’acier, façonnée par les studios.
Revenue à New York, elle se produisit alors pendant plusieurs années dans les théâtres de Broadway, sans renoncer pour autant àune courte carrière cinématographique. Durant cette période, elle tourna avec Sidney Lumet, Robert Altman et Lars von Trier. Son triomphe tardif sur les planches de Broadway sonnera comme une revanche vis-à-vis d’Hollywood. En ultime hommage, elle recevra, à Los Angeles, un Oscar d’honneur en2009. Une soirée qui, selon elle, fut «la pire de sa vie».
Lauren Bacall, ombre et lumière, documentaire de Pierre-Henry Salfati (Fr., 2017, 52 min).
Daniel Psenny
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