CRITIQUE - "The Fabelmans" de Steven Spielberg : grand film ou film décevant ? L'avis du Masque (2024)

Cinéma américain

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Faut-il aller voir le dernier film autobiographique du réalisateur d' "E.T"., des "Dents de la mer", ou de "La Liste de Schindler" ? L'avis plutôt positif, mais pas dithyrambique, des critiques de l'émission dominicale de cinéma de France Inter.

La présentation du film 'The Fabelmans' par Jérôme Garcin

Le critique à l'Obs et à France Inter raconte: "Le nouveau film de Steven Spielberg est aussi son plus personnel.Après James Gray, et bientôt Sam Mendes, le réalisateurde E.T.revisite à 76 ans son enfance sous les traits du petit SamuelFabelmanincarné par GabrielLaBelle.

Une enfance au cœur de l'Arizona dans les années 1950-1960, où bientôt vont se mêler le choc éprouvé au moment du divorce de ses parents, et la découverte libératoire du cinéma.Comme s'il avait déjà compris qu'il lui fallait, pour être heureux, recréer le monde à sa main.

La musique estsignée JohnWilliams.Michelle Williams joue la mère, et PaulDano, le père.Cerise sur le gâteau:David Lynch campe John Ford à la fin de ce film de 2 h 30.Je n'aurais pas pensé évidemment à ce mariage tout de suite."

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Camille Nevers:"'TheFabelmans', un film à la fois très intimiste et très hollywoodien"

Selon la journaliste à Libération, TheFabelmansconsacre Steven Spielberg, qu'elle défend depuis longtemps:"J'espère qu'il y aura autant d'unanimité ici qu'il y en a partout dans la presse.Le film fonctionne bien alors qu'il s'est planté aux États-Unis.C'est un film étonnant de la part de quelqu'un comme Spielberg qui a été l'auteur de blockbusters pour lesquels il a été assez méprisé.40 ans plus tard, le réalisateur américain est intronisé grand auteur et c'est génial.Je suis très contente.Il y a 30 ans, j'étais un peu seule à défendre La liste de Schindler.Je m'en suis pris plein la face aux Cahiers du cinéma, et je me suis fait traiter d'antisémite.Passons, depuis l'eauacoulé sous les ponts.

Les grands films sont reconnaissables à une chose:ils sont inépuisables.On le voit dans tous les discours qu'ils permettent et autorisent.Tous les critiques et spectateurs sont assez émus parce que le film est émouvant.C'est un film à la fois, universel, et qui parle à chacun.Et il est inépuisable, dans le sens où il y a dedans quelque chose de très généraliste et de très privé.The Fabelmans est à la fois intimiste et hollywoodien, au sens d'un conte, qui serait unanimiste et beau.

Pour moi, c'est un film qui s'ouvre sur un moteur de voiture.Et c'est un peu ça:qu'est-ce qu'on a dans le moteur?Qu'est-ce que Monsieur Steven Spielberg, cinéaste qu'on ne présente plus, a dans le moteur depuis qu'il a commencé à faire des films dans les années 1970 ?Et il déplie ça:la façon dont tous les films qu'il a faits jusqu'ici ont été inspirés par des scènes primitives, des sources familiales intimistes, et par la forme d'antisémitisme dont il a été victime.

C'est un film autobiographique qui peut faire penser à des films d'auteurs.J'ai pu penser à Fanny et Alexandre(Ingmar Bergman (1983)). Il s'inspire des 400 coups (François Truffaut (1959)),et en mêmetemps, c'est une espèce de film somme dans lequel on peut pêcher un peu tout ce qu'on veut des thématiquesspielbergiennes. C'est tout ce que peut faire ce grand cinéaste du conte, de ce que peut faire une chronique, et un storytelling, aujourdhui".

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XavierLeherpeur:"Je suis déçu par 'TheFabelmans'"

Le critiqueà 7emeObsession, et chroniqueur série à France Inter, ne cache pas sa déception:"Après le début du film, il y a une première demi-heure que je trouve absolument magistrale.C'est peut-être la plus "Tonykushnerienne" du film, puisqu'il est le co-scénariste du film.TonyKushneret Steven Spielberg sont de vieux complices.

L'enfant a une peur bleue d'aller s'enfermer dans l'obscurité parce que la nuit l'inquiète.C'est un enfant sensible, tragiquement fragile, et le papa lui explique des choses mécaniques.C'est un enfant qui s'endort avec un oscilloscope.Il a besoin comme ça d'un bruit répétitif.C'est très beau lorsque le papa lui explique la mécanique du cinéma, en lui disant que c'est quelque chose de chimique, et de physique, pour le rassurer.Le jeune garçon est traumatisé par la scène de l'accident ferroviaire, dansSous le plus grandchapiteau du monde(Cecil B.DeMille (1952)).Il va rejouer la scène de l'accident dans le sous-sol de sa maison pour essayer d'exorciser le traumatisme qu'il a vécu…

Je trouve que dire du cinéma, que c'est une chambre obscure qui nous permet d'affronter nos peurs, et de les dompter, qu'on soit spectateur ou metteur en scène, est quelque chose qui me bouleverse.C'est un truc qui me fait monter les larmes aux yeux.

Ensuite, on est parti hélas, pour deux bonnes heures d'autocélébration.Dès qu'il fait un film, c'est génial, maman pleure, tous les copains applaudissent, ça va même vaincre l'antisémitisme… Il faut dire le talent de Steven Spielberg, quand il fait un film de guerre commeIl faut sauver le soldat Ryan, il tourne la plage comme il la tournera magnifiquement dans Les dents de lamer.

Et puis à un moment, il tourne des images en Super 8.Il sait très bien ce qu'il y a dans le cadre.Il n'y a pas une profondeur de champ telle qu'il ne peut pas ne pas l'avoir vu:maman aurait peut-être embrassé quelqu'un d'autre que papa.Et on est parti pour une psychanalyse du couple d'une heure et demie.Mon Dieu!

Au moment de la scène où il découvre le pseudo-adultère de maman, une caméra tourne autour du gamin à 360 degrés pour bien dire que le monde est en train de basculer autour de lui…C'est une spirale qui va l'avaler.Mais on s'en fout!Pardon, mais si tous les gens qui considèrent qu'ils sont des génies un peu tout seuls et qu'en même temps, ils ont été traumatisés parce que peut-être que maman a embrassé quelqu'un d'autre?Tout le monde dans le métro à18 heuresserait reçu à l'Académie française!Il n'y aurait que des génies.Ce n'est pas possible, ça ne suffit pas."

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Eric Neuhoff:"'TheFabelmans', un film d'une exceptionnelle richesse"

Pour le journaliste au Figaro:"TheFabelmansest un grand film.C'est un beau film et c'est un bon film.C'est quelque chose d'extraordinaire.C'est la parfaite illustration de la citation d'Orson Welles qui disait que le cinéma est un train électrique.Mais ce n'est pas du tout parce qu'il a peur, mais parce que ça l'amuse.La scène qui a fait rire XavierLeherpeurest l'une des plus belles, et des plus magiques qui existent au cinéma.La mère qui joue du piano dans le salon avec en parallèle, le gamin dans sa chambre en train de découvrir le cinéma sur sa petite machine de montage…C'est très émouvant, et ça ne traumatise pas tant que ça l'enfant.Ça lui prouve que le cinéma, non seulement, procure de la joie, mais peut aussi déclencher de la souffrance.

Ce film est d'une richesse!C'est à la fois un roman, parce qu'il y a tout ce que la littérature peut traduire, et c'est très rare que le cinéma réussisse ça.Et on voit cette éducation sentimentale, professionnelle, familiale.Il y a à un moment donné une tornade, mais dans sa tête aussi, il y a une tempête quand ildécouvreque l'histoire de sa mère.On voit que Steven Spielberg a attendu d'avoir 75 ans pour redevenir l'adolescent qu'il était et conserver toujours cet émerveillement devant cette pellicule qu'il avait entre les doigts."

Michel Ciment:"'TheFabelmans', un extraordinaire voyage vers l'Ouest"

Pour le critique à Positif:"Il est faux de dire que Spielberg a été méprisé par la critique mondiale.Il a toujours été respecté, bien traité, avec évidemment un grand succès populaire.Mais en même temps, ce n'est pas un cinéaste que l'on a mis au début de sa carrière au niveau d'un Coppola, d'unScorseseou d'un Malick.

Aujourd'hui, Spielberg est un peu le promoteur de lui-même.Il veut montrer qu'il est un auteur.Et d'une certaine façon, évidemment, comme il parle de lui-même et il relie tous les événements de son film à des choses de sa vie. Au début Spielberg a été identifié à Cecil B.DeMille.Ilfaisait des films, commeE.T., Les Dents de la mer…Des grandes machines, mais sans grande personnalité.Et la fin, c'est John Ford, c'est-à-dire l'exemple même de l'auteur dont chaque plan est signé.Alors il n'est ni John Ford, ni Cecil B.DeMille, ni David Lynch.

La rencontre avec David Lynch est magnifique.Il explique comment on cadre l'horizon, ni trop net surtout pas au centre, un peu en haut ou en bas.

J'ai trouvé très beau ce voyage vers l'Ouest qui commence dans le New Jersey, froid, venteux, enneigé.Ensuite, on arrive dans la chaleur étouffante de l'Arizona.Et enfin, on arrive en Californie, qui pourrait être un moment idyllique s'il n'y avait pas l'antisémitisme.Et là aussi, Spielberg parle beaucoup de lui.Je ne dirais pas que c'est un chef-d'œuvre, mais je trouve que c'est un très beau film.Plus la carrière de Spielberg avance, plus il y a de profondeur dans ses œuvres."

ECOUTER | Le Masque et la plume sur The Fabelmans

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